Suite de l’article de Michel FACON paru dans la revue LA TEMPÉRANCE N°2
Après la parution de mon ouvrage : "l’Alcool, toi, moi et les Autres", je peux dire que le chapitre consacré à l’utilisation de la PNL (Programmation Neurolinguistique) en alcoologie est un de ceux qui ont suscité le plus de réactions -enthousiastes ou critiques !
Pourquoi ?
Parce que la PNL s’intéresse davantage aux résultats qu’à la théorie ? Parce qu’elle introduit de nouvelles données et que les notions nouvelles demandent toujours du temps avant de se faire admettre. Parce que, grâce à cette technique, des problèmes peuvent être solutionnés avec une grande rapidité -par rapport à d’autres thérapeutiques- et cela, sans souffrance ?
Autant de réponses possibles... Toujours est-il que convaincus de l’intérêt de cette pratique, Michel FACON et moi-même avons décidé, par le support de la revue :
d’apporter une information précise et la plus concrète possible sur les moyens utilisés et les résultats obtenus.
d’ouvrir le débat sur cette pratique.
Elisabeth FRIT
Dans la première partie de cet article, nous avons appris comment fait le cerveau de Marcel pour déclencher l’envie irrésistible de boire. Bien entendu, Marcel était jusqu’ici totalement inconscient de ce mécanisme. Mais le fait qu’il en soit désormais conscient ne l’aide pas pour autant à se débarrasser de cette compulsion. Comme on a pu le constater, c’est dans l’échange dirigé avec Marcel que le thérapeute aide ce dernier à faire son propre "diagnostic". Le cerveau est conçu comme une entité distincte, sorte d’outil ou de centrale où naissent les comportements ; Marcel est invité à "jouer" avec son cerveau afin de le surprendre à l’action... Nous savons donc :
1) - Comment le cerveau de Marcel CODE l’aspect : "il faut que je boive" (ou "je ne peux pas ne pas boire"). Les submodalités visuelles sont alors : luminosité, brillance, grandeur de l’image, image située à 1,50 m devant lui, couleurs intenses (voir tableau dans le n° précédent).
2) - Comment son cerveau CODE l’aspect "je peux prendre ou ne pas prendre "le yaourt", c’est à dire : "j’ai le choix" devant le yaourt.
3) - Comment se déclencher la compulsion : il suffit d’inviter Marcel à rapprocher l’image du demi pour que le vécu compulsif apparaisse instantanément.
Il va de soi que tout ceci n’est valable que pour Marcel. Pour une autre personne, les submodalités concernées seraient différentes dans les deux codages précédents. La submodalité déclenchante pourrait, elle aussi, être différente (ex : luminosité, taille...).
COMMENT ELIMINER LA COMPULSION
Il convient d’expliquer au patient ce que l’on attend de lui, quitte à employer les analogies illustrant ce qu’on va lui demander de faire. Cette préparation est absolument indispensable et ne peut se faire qu’après avoir établi un rapport de confiance absolue, et défini soigneusement l’objectif.
Thérapeute : "Aimerais-tu te débarrasser de cette envie irrésistible de boire ?"
Marcel : "Oh, oui alors !"
Thérapeute : "OK. Tu veux donc te débarrasser de cette compulsion. Ce n’est pas très compliqué et je vais te guider... mais... selon toi, est-ce qu’il pourrait y avoir des inconvénients (avantages ou bénéfices secondaires) à ce que tu n’aies plus cette compulsion ?"
Marcel réfléchit quelques instants, puis : "Non, je ne vois vrai¬ment pas d’inconvénients, bien au contraire..."
NECESSITE D’UNE PREPARATION
Thérapeute : "D’accord, tu ne vois pas d’inconvénients, mais avant de t’aider à faire sauter cette compulsion, je te rappelle que quand on élimine une compulsion, on enlève seulement l’attraction irrésistible pour l’alcool. Autrement dit, là où tu n’avais pas le choix, je veux dire là où tu étais OBLIGE de boire, tu auras désormais le choix. L’alcool deviendra NEUTRE, comme l’est le pot de yaourt, tu vois ?"
Marcel : "Oui, je vois, je suis prêt".
L’intervention
Thérapeute : "Tu vois ce demi, devant toi, là, à 1,50 m, lumineux, brillant, très coloré ?"
Marcel : "Ça y est, j’y suis, je le vois"
Thérapeute : "Rapproche TRES VITE ce demi de toi, aussi VITE que tu peux"
Marcel recule la tête, indiquant par là qu’il fait bien ce que le thérapeute lui demande ; il se passe la langue sur les lèvres et sa main se crispe, ébauchant ainsi le geste de saisir le verre.
Thérapeute : "Remets maintenant le demi à 1,50 m, là où il était et fais cela sans te précipiter. Recommence maintenant la même manoeuvre, TRES VITE :
1) Représente-toi l’image du demi à 1,50 m.
2) Rapproche très vite ce demi de toi.
3) Remets tranquillement le demi à 1,50 m de toi, puis recommence plusieurs fois ces différentes étapes... Le thérapeute observe les mêmes signes non verbaux et ajoute : "Très bien, continue... souviens-toi qu’il s’agit bien de te don¬ner très envie de boire, de plus en plus envie, une envie vraiment dingue !" On nomme cette manoeuvre L’ENCLIQUETAGE, par analogie avec le mécanisme destiné à empêcher une roue dentée de tourner dans le sens inverse de la rotation voulue en raison de la présence d’une pièce mobile : le cliquet. Ce dispositif est bien connu des bricoleurs.
Marcel continue cette manoeuvre autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce "qu’il se passe quelque chose". A chaque fois qu’il rapproche le demi, il intensifie le vécu compulsif. On notera que si le sujet peut faire varier volontairement et rapidement une de ses submodalités visuelles, il ne peut pas avoir la même action volontaire sur son système kinesthésique qui lui, met naturellement un certain temps à s’amortir. Il arrive un moment où l’intensité atteint un seuil dans le système K et c’est à ce moment que la compulsion est éliminée.
Thérapeute : "C’est bien... continue... encore... encore... jusqu’à ce que tu sentes qu’il se passe quelque chose... ton cerveau va faire cela en automatique... si tu veux, je vais te donner la cadence..."
Le thérapeute parle vite afin d’entraîner et d’accompagner Marcel. Il n’hésite pas à accompagner ses paroles de gestes évocateurs, mimant avec la main ce que fait son patient dans la tête avec l’image du demi... donnant éventuellement la cadence à l’aide d’un bruit particulier etc...
Thérapeute : "Encore... encore ! plus vite ! jusqu’à ce que tu ne puisses plus aller plus vite !
"Ha ! ça y est ! il s’est passé quelque chose, n’est-ce pas ?"
Marcel : "Oui... le verre est devenu immense... je ne le vois plus... il est passé derrière moi..."
Thérapeute : Très bien. Je pense que tu as réussi... on va attendre un petit moment et on va vérifier, OK ?... tu peux récupérer tranquillement..."
A ce stade, il convient d’attendre quelques minutes afin de laisser au vécu compulsif le temps de disparaître. Une vérification trop rapide serait sans valeur car Marcel ressent encore l’envie irrésistible.
Vérification du travail :
Il convient de vérifier de manière directe : en effet si la compulsion a sauté, Marcel ne peut plus la déclencher.
Thérapeute : "Est-ce que tu peux imaginer à nouveau ce demi ?"
Marcel : "Oui... il est là... mais..."
Thérapeute : "Mais..."
Marcel : "Mais ce n’est plus pareil... ça ne me fait plus rien main¬tenant"
Thérapeute : "D’accord ! mais fais tout ce que tu peux pour te remettre cette compulsion ! vas-y !"
Marcel : (étonné, essayant sans résultat...) "pas moyen de le rapprocher ! je ne peux pas !"
Thérapeute : "En es-tu bien sûr ? Essaie encore"
Marcel : "Non, pas moyen !"
Marcel ne peux plus rapprocher le demi. Mais qu’en est-il des autres submodalités ?
Les autres submodalités ont changé
Thérapeute : "Mais au fait, est-ce que tu peux me dire où se trouve ce demi désormais ?"
Marcel : "Oui... il est vers la gauche et plus haut maintenant... il est aussi plus loin, à peu près à 3 m de moi"
Thérapeute : "C’est parfait ! et pour les autres submodalités est-ce que tu remarques des changements ?"
Marcel : "Eh bien, c’est moins brillant... le verre est plus petit, moins lumineux, un peu flou et beaucoup moins coloré"
Thérapeute : "Tu as fait du bon boulot !"
Le lecteur aura remarqué que le cerveau CODE désormais autre¬ment le demi. Les submodalités décrites par Marcel sont celles du pot de yaourt et le cerveau de Marcel repère maintenant le demi comme un objet qu’il peut "prendre ou ne pas prendre". La compulsion a sauté et ne reviendra pas. Remarques diverses
1 - Le cas de Marcel est courant. Le plus souvent le travail s’arrête à ce stade. Dans certains cas, la compulsion peut reparaître dans le système auditif (le sujet se répète par exemple de plus en plus vite dans sa tête : "tiens je boirais bien un coup"), voire même, plus rarement, dans le système kinesthésique (ex. : le sujet frappera du pied de plus en plus vite...). Un procédé analogue est alors employé dans le ou les systèmes correspondants.
2 - Une compulsion présente deux formes : L’attraction irrésistible (cas de Marcel) ou la répulsion. Il s’agit du même phénomène. La répulsion se traite d’une manière identique. Ceci fait aisément comprendre que lorsqu’un patient est fortement dégoûté à la seule vue de l’alcool, nous considérons que le problème n’est pas résolu de manière satisfaisante. Une répulsion n’est qu’une attraction inversée.
3 - Au moment d’effectuer l’encliquetage, le patient peut offrir une "réticence", comme si une partie de lui-même s’opposait à l’intervention. Cette réticence doit être respectée et prise en compte immédiatement, AVANT d’aller plus loin. Il existe pour cela des procédures PNL bien codifiées.
4 - L’encliquetage est l’un des rares outils de PNL qui enlève quelque chose au sujet sans rien mettre à la place. Cette procédure doit être complétée par l’emploi d’un autre outil. Nous ne pouvons pas nous étendre sur cet aspect dans le cadre de cet article et rap¬pelons à cette occasion que les outils PNL doivent être employés par un praticien entraîné.
5 - En dehors de l’alcoolisme, l’encliquetage peut être employé dans tous les autres cas de compulsion mineures ("se ronger les ongles" par ex.) ou majeures (toxicomanies, boulimie, colères in¬coercibles etc...).
6 - Nous espérons vivement que la connaissance du mécanisme de la compulsion aidera certains lecteurs à comprendre beaucoup mieux ce qui se passe dans la tête de "l’alcoolique", en l’espace d’une fraction de seconde, juste avant que ne se déclenche l’acte de s’alcooliser. Des compulsions de ce type existent probablement chez chacun d’entre nous, ne serait-ce que celle d’acheter un objet qui s’avère ensuite inutile, celle d’absorber des médicaments, etc...
7 - L’intervention de l’encliquetage n’est qu’un moment dans la thérapie d’une personne en difficulté avec l’alcool. Il serait vrai¬ment naïf de croire que cette intervention suffit à elle seule. En pratique, le problème de l’alcoolisme se pose en des termes plus complexes. C’est ce que nous nous proposons de montrer dans le prochain article...
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