Bonjour, c’est Bernard, voici la suite de ma vidéos de la semaine dernière sur les approches dissociatives. Aujourd’hui nous allons voir les théoriciens.
Mais avant, je voudrai ajouter aux précurseurs, un personnage relativement important : Max Dessoir, philosophe allemand de la fin du 19e siècle, intéressé par l’hypnose et par Pierre Janet. Il publie en 1890 un livre intitulé « Le double-Moi ». Il y décrit l’esprit divisé en deux personnalités distinctes, chacune maintenues ensemble par leur propre mémoire. Il considère qu’une sous-conscience émerge lors d’épisodes tels que les rêves, l’hypnose et le dédoublement de la personnalité.
Il s’intéressera à l’hypnose, au somnambulisme, à la médiumnité, au dédoublement de personnalité et à la télépathie.
C’est lui qui invente le mot parapsychologie.
Les idées de Dessoir furent reprises par Freud pour élaborer la première topique, le mot provient du grec topos qui veut dire lieu, endroit ou emplacement. En 1895, Freud utilise ce mot pour définir sa cartographie du psychisme.
Pour Freud, il s’agit d’une représentation spatiale de l’appareil psychique. Il comporte trois éléments : l’inconscient, le pré-conscient, et le conscient. Pour lui, il y a en fait deux systèmes différents qui ne sont pas des parties de la personnalité. Il y a d’un côté l’inconscient, de l’autre côté le préconscient et le conscient.
Après des années d’études, d’écriture et de recherche, vers 1920, Freud met au point la deuxième topique qui elle aussi est composée de trois éléments différents :
Vous pouvez voir maintenant un schéma qui représente la première et la deuxième topique, mises ensemble. Vous pouvez observer qu’elles ne se recouvrent pas, c’est un schéma assez intéressant. On voit que Freud a utilisé deux manières différentes de représenter le psychisme et les deux façons sont complémentaires.
Au début du 20ème siècle, Freud animait chaque mercredi soir à Vienne, une conférence à laquelle assistait Carl Jung. On peut considérer que Carl Jung fut d’abord un élève de Freud, en tout cas les relations entre eux seront très bonnes jusqu’en 1914.
Si Freud ne mentionne jamais Pierre Janet, par contre il est avéré que Carl Jung a bien assisté aux conférences de Pierre Janet au Collège de France à Paris, pendant l’hiver 1904.
À la différence de Freud, Jung va tenter d’approfondir le contenu de l’inconscient. D’où le nom de psychologie des profondeurs donné à la psychologie de Jungienne.
La topique de Jung est donc définie en cinq étages qu’on peut représenter sous la forme d’un cône avec cinq couches.
Tout en haut, le Moi est à la pointe du cône, en dessous il y a le Conscient de la personne, tout en dessous en troisième position on trouve l’Inconscient personnel, en dessous encore, l’Inconscient Collectif et enfin tout en bas en cinquième couche l’Inconscient Archaïque qui est la partie d’inconscient qui ne peut pas être connue.
On peut penser que, tout comme Freud, Jung s’est rendu compte que sa topique structurelle en couches, de l’Inconscient Archaïque au Moi ne permet pas de décrire efficacement le fonctionnement de la personne, ni sa personnalité. Aussi il va encore approfondir davantage et il va élaborer toute une série de concepts jusqu’à sa mort en 1961.
Ici je vais seulement me concentrer sur ce qui nous intéresse au plus haut point les Archétypes. Jung va définir le concept d’Archétype et il va mettre en évidence les Archétypes principaux suivants :
L’Animus, c’est l’archétype masculin chez une femme, l’Anima l’archétype féminin chez un homme.
L’Enfant intérieur, c’est l’archétype de la part enfantine qui existe en chaque adulte quel que soit le sexe.
La Persona, c’est le masque des acteurs grecs dans l’Antiquité et qui est l’image que nous présentons au monde.
L’Ombre a pour but de limiter le Moi dans son désir de contrôle, et de lui rappeler l’existence d’une part de la personnalité enfouie à cause de l’éducation et de la socialisation.
À partir de là, Jung va mettre en évidence 12 archétypes possibles dans la Persona. Ce sont les « rôles » que nous jouons en permanence selon les situations et selon notre « personnalité ».
Cela va du héros au sage en passant par l’innocent, il y en a 12 possibles. Je vous laisse jeter un coup d’oeil au schéma.
Pour finir, je vais vous parler de Kurt Lewin, psychologue d’origine allemande. Il a émigré en Angleterre puis aux États-Unis en 1933 à la suite de la montée du nazisme.
En 1936 il publie, aux États-Unis, un livre dont le titre se traduit par « Principes de psychologie topologique ».
Là encore vous pouvez voir le lien avec les topiques, ou topos, les lieux psychiques. Kurt Lewin expose deux thématiques fondamentales :
Lewin développe ensuite toute une étude sur la manière de passer d’un lieu psychique à l’autre, sur les frontières entre les lieux psychiques, sur la perméabilité entre ces lieux psychiques et sur leur nature inclusive ou exclusive.
Cette psychologie topologique est une sorte de modèle logique, presque mathématique, du fonctionnement de nos tendances, des plus communes au plus profondes, et de leur interaction avec le contexte et l’environnement.
Kurt Lewin va ensuite se spécialiser en psychologie sociale pour étudier et comprendre la folie nazie.
Ce qu’il y a à retenir dans tout ça, ce sont tous les indices d’une forme de discontinuité de la conscience. Cette discontinuité ou dissociation est ici élaborée de manière à la fois différente et complémentaire par ces trois théoriciens.
La semaine prochaine on verra encore d’autres théoriciens. Ensuite, nous aborderons directement les développeurs qui se sont appuyés sur ces théoriciens pour mettre au point leurs approches dissociatives.
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