L’enfant n’est pas enfant parce qu’il est petit, il est enfant pour devenir adulte. Et cet apprentissage est long.
Que ce soit en complément d’une formation à la relation d’aide, d’une formation de psychothérapeute ou pour améliorer toute pratique de la psychothérapie, une connaissance approfondie de la psychopathologie et du développement de l’enfant semble indispensable à qui veut connaître les bases élémentaires de la psychologie pour différencier névrose et psychose, et pour faire part de son champ de compétence en tant que psychothérapeute.
Voici le premier article d’une série consacrée au développement psychologique de l’enfant et de l’adolescent.
Dans cette série nous vous parlons de l’importance de la petite enfance sur la construction de la personnalité. Nous vous présentons les différents stades du développement psycho-affectif de l’enfant, les erreurs à éviter et les conduites à tenir. Au fil des articles vous comprendrez mieux comment se construisent les différents types de personnalités .
Bien rares sont les adultes qui accordent à l’enfance l’intérêt qu’elle mérite ; bien rares sont les parents qui se font une idée d’ensemble de l’évolution qu’accomplit leur enfant ou qui saisissent la signification de tel moment particulier de son développement.
Préoccupés par leur propre tranquillité ou par les bonnes manières de leur progéniture, nombre de parents se soucient en somme très peu de ce que leurs enfants sont en train de vivre.
Devant le petit enfant qui vient de naître, l’entourage attendri réagit généralement selon deux tendances divergentes. Les uns s’ingénient à trouver au nouveau venu quelques traits rappelant ses ascendants, alors que les autres lui cherchent quelques caractéristiques originales. Si pareilles réflexions sont naïves et banales, elles n’en soulignent pas moins une profonde vérité ; à travers ce nouveau-né, quelque chose qui vient du plus lointain passé va une fois de plus se déployer et se poursuivre, et cette continuation prendra inévitablement un tour particulier, foncièrement imprévisible et nouveau.
Nous savons que l’enfant ressemble à ceux qui l’ont précédé, mais nous savons aussi qu’il sera “ lui-même ” c’est-à-dire différent
La croyance à l’immuabilité de toutes sortes de traits de comportements, que l’on rattache à l’hérédité est bien ancrée dans l’esprit (“ doué comme ses parents, goûts communs, ou mêmes tendances psychologiques...”).
Sans doute connaît-on les lois de la transmission héréditaire de caractères tels que la couleur des yeux ou le daltonisme par exemple, mais on est bien moins avancé en ce qui concerne les aptitudes psychologiques ou les traits caractériels. On n’hérite pas de l’intelligence, de la concentration, de la paresse, de la vertu, etc. On hérite d’un collier de perles ou d’un service de table.
L’enfant n’est pas enfant parce qu’il est petit, il est enfant pour devenir adulte. Et cet apprentissage est long. L’enfant devient humain “ selon ” la culture et le milieu humain auxquels il appartient et auxquels il participe. L’enfant est donc “ un animal educandum ”, un être qui appelle l’éducation car sans elle, il ne peut devenir adulte.
Depuis les découvertes de FREUD et de ses successeurs, il est relativement aisé, par observation ou par expérimentation méthodiques, de découper, en stades ou en périodes, l’évolution d’aspects partiels du psychisme ou de certains types de comportements, il est par contre beaucoup plus difficile, et sans doute artificiel, d’en faire autant en ce qui concerne l’ensemble de la personnalité. Paliers et crises ne se situent pas aux mêmes moments dans les différents domaines.
Après avoir évoqué quelques faits généraux, nous pouvons maintenant aborder l’étude du développement de l’enfant proprement dit.
« Françoise DOLTO parle de “ lien télépathique ” entre la mère et l’enfant. »
La première période que nous allons prendre en considération est celle de la phase prénatale à la naissance.
La vie ne commence pas à la naissance mais 270 ou 284 jours avant : un développement vraiment prodigieux a lieu pendant cette période prénatale. Il est incontestable qu’une certaine forme de sensation et d’activité existe avant la naissance : l’enfant vit avant la naissance, fait un certain nombre d’expériences, éprouve “ quelque chose ” de manière sans doute très vague et diffuse et il est bien possible que d’obscures variations de tonalités affectives, dans le sens du bien-être ou du mal-être, se produisent : “ Le comportement que nous observons chez le bébé est le résultat d’une longue série d’activités préparatoires. Et il semble bien que l’on puisse parler d’un psychisme prénatal. ” Françoise DOLTO parle de “ lien télépathique ” entre la mère et l’enfant.
Dès sa naissance, la première mémoire (et perception sensorielle) est l’odeur. L’odeur de sa mère, le bébé la reconnaît par ce premier canal. Les sensations se succèdent ou se superposent. Il ne fait pas la différence entre ce qui est “ hors de lui ” ou “ à l’intérieur de lui ”, malgré la séparation liée à la naissance. L’enfant, durant les premiers mois de son existence, vit dans un état fusionnel avec sa mère, la considérant comme un prolongement de lui-même, le moi n’est pas séparé, le dehors et le dedans restent confondus. Il se trouve ainsi dans un état de “ toute puissance ” (ses besoins sont satisfaits automatiquement) qui s’estompera au fil de la première année, au cours de son évolution et de ses apprentissages qui vont lui permettre de s’individualiser et de se construire psychologiquement.. Toutes les sensations vécues par le bébé (tiraillement de l’estomac, voix, mouvements, etc.) ne constituent pas encore des signaux pour lui, car son “ moi ” n’existe pas encore. Elles sont subies passivement. D’ailleurs, la plupart du temps, il dort 24 heures sur 24 et ses impressions sont encore vagues et diffuses. Pour lui, il n’y a pas de différence entre veille et sommeil.
Toutefois, au fil des semaines, le bébé, en grandissant, présente un début d’organisation, la première se situe au niveau du besoin alimentaire, besoin organique primaire. Les besoins secondaires étant ceux que nous créons en lui imposant une routine journalière culturellement déterminée (horaire, toilette, etc.). Cette première forme d’expérience et de “ reconnaissance ” d’une situation s’organise sur la base de l’incontestable avance de développement que présente l’appareil buccal par rapport au reste de l’organisme (stade oral). Il y a bien plus dans la tétée et dans les soins qui l’accompagnement que la seule ingestion d’aliments. Nous pouvons y distinguer, en tout cas, des impressions tactiles (soins, caresses, contacts avec le corps maternel, etc.), thermiques (chaleur du bain, de la mère), auditives (voix de la mère, environnement), olfactives (odeurs de la mère et des aliments), kinesthésiques (en rapport avec sa propre activité musculaire dans ces situations).et bien sûr aussi des impressions visuelles. A propos de ces impressions visuelles, nous devons noter que l’oeil, tout comme la bouche, présente une certaine précocité de développement : au cours des trois premiers mois s’établit la coordination de la mobilité oculaire. Le bébé saisit avec les yeux avant de saisir avec les mains.
C’est probablement dans ce contexte que l’on peut situer les débuts très graduels de la distinction qui va s’établir entre sécurité et insécurité, comme entre “ moi ” et “ non moi ”
On comprendra que, dans la première année de la vie, il est important de laisser l’enfant porter les objets (non dangereux) à sa bouche (sucette, “ doudoune ”...). Les pulsions orales s’estomperont naturellement à la fin de cette première année lorsque l’enfant entrera dans le stade anal -dont nous parlerons ultérieurement. Tout changement dans le déroulement habituel des choses a pour effet que la situation n’est plus la même pour l’enfant et qu’elle perd par conséquent sa valeur de repère, sa familiarité, le bébé éprouve une sensation de manque, d’incompréhension, il ne se “ reconnaît ” pas dans la situation qu’il ne peut reconnaître. Il est “‘désorganisé ”. C’est ce que montre son agitation ou ses cris lorsque le repas tarde à venir ou qu’il a lieu dans un cadre différent de l’ordinaire, ou lorsque la maman, pressée ou nerveuse ne respecte pas le déroulement habituel des événements. Bien des problèmes alimentaires chez le bébé n’ont pas d’autres causes et l’on voit aussi comment le sevrage peut en provoquer aussi par la modification de la situation qu’il implique. C’est probablement dans ce contexte que l’on peut situer les débuts très graduels de la distinction qui va s’établir entre sécurité et insécurité, comme entre “ moi ” et “ non moi ” ainsi que ceux de la fondamentale liaison affective entre la mère et l’enfant.
Chaque fois que cela se passe comme à l’ordinaire, c’est le domaine de la sécurité liée à la satisfaction des besoins, à l’apaisement des tensions, à la stabilité des repères et des expériences.
Le sentiment de sécurité lié au caractère répétitif et satisfaisant des expériences et sans doute aussi à cette nuance d’absolu et de non-dissociation, constitue selon ERICKSON “ Childhood and society ” Imago publishing london, une des acquisitions essentielles et fondamentales de cet âge.
Toutes les impressions diverses et complémentaires participent étroitement à la valeur bénéfique et sécurisante de la situation globale : être pris dans les bras de sa mère et dorloté par elle, être au contact de son corps, de sa chaleur, de son odeur, de sa consistance particulière, être interpellé par elle par les sonorités affectueuses dont elle a le secret ; voilà autant d’impressions, associées à l’apaisement des besoins et des tensions, qui deviennent apaisantes et satisfaisantes par elles-mêmes pour autant que les besoins alimentaires ne soient pas trop impérieux. Ces moments d’échange sont fondamentaux. Si la mère est sous tension, dépressive ou agressive, l’enfant en ressentira une forte angoisse qui peut nuire gravement à son équilibre psychologique. Ainsi, plus la mère sera elle-même soutenue par son environnement, plus elle vivra dans un climat doux et serein, plus elle aura de chances de transmettre cet équilibre. Cependant, il est bien évident que cette période renvoie la mère à sa propre petite enfance et que, si elle-même a vécu des carences à ces moments-là, il lui sera plus difficile de donner ce qu’elle n’a pas eu. Une psychothérapie peut, bien sûr, l’aider.
Le bébé s’adaptera d’autant plus à la réalité qu’il aura été respecté dans ses besoins dans la première période de sa vie et que les “ frustrations ” se feront progressivement et en douceur. La “ désillusion ” de la toute puissance et la perte du sentiment d’Unité et de fusion seront alors acceptables pour lui.
ABC de la Psychologie Jungienne, Carole SEDILLOT, Ed. Jacques GRANCHER 2003.
ABC de la Psychologie de l’enfant,
Corinne MOREL, Ed. Jacques GRANCHER 2000.
ABC de la Psychologie et de la Psychanalyse,
Corinne MOREL, Ed. Jacques GRANCHER 1995.
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