Dans cet article paru en français dans le numéro 20 de LA TEMPERANCE, John GRINDER et Richard BANDLER exposent la manière d’effectuer un recadrage chez les personnes souffrant d’état de sévére dissociation. Initialement publié dans le livre "Reframing" ce passage met l’accent sur une manière tout à fait originale d’aborder les problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie. Nous touchons là à une partie extrêmement néconnue du travail des deux fondateurs de la PNL.
Ce texte est le deuxième d’une série d’articles parus dans les numéros 19 à 23 de LA TEMPERANCE. Il est reproduit ici dans son intégralité tel qu’il a été publié en octobre 1996.
Intervenant : « Vous avez appelé cette méthode une induction hypnotique. Etes-vous entrain de dire qu’à chaque fois que vous demandez à une personne de régresser, vous avez induit un état hypnotique ou commencé à l’induire ?
Ceci pourrait être une question de sémantique. Allez-vous appeler cette expérience hypnose ou non ? Je ne lui donnerais pas ouvertement ce nom : cela pourrait entraîner des résistances de la part du client. Mais, d’après mon expérience, il est impossible de distinguer ce que je viens de décrire de l’induction d’une transe « officielle ». La profondeur peut varier quelque peu, mais la procédure réelle et les stratégies internes qu’emploie l’individu sont identiques...
Il vous faut parler en termes positifs de ce qui va se passer dans le futur, plutôt que de ce qui ne s’y passera pas. « Vous allez être capable de découvrir d’autres façons d’obtenir des satisfactions semblables à celles que l’alcool vous apportait » est bien meilleur. Quand vous parlez de l’alcool, il vous faut parler au passé, présupposer qu’il n’en boira plus. Tous les modèles de langage hypnotique qui sont décrits dans « modèles » et dans « transformations » sont appropriés ici. S’il dit « mais je ne vous comprends pas « , vous pouvez répondre « bien sûr, vous ne me comprenez pas, mais moins vous me comprenez consciemment, plus vous serez capable de vous réorganiser inconsciemment de manière positive. »
Intervenant : « Lorsque vous superposez les ancrages correspondant à l’état alcoolique et à l’état sobre,ne craignez-vous pas d’obtenir comme résultat que la personne, après cette séance ne se comporte plus à l’avenir que comme elle le fait quand elle est sous l’effet de l’alcool ?
Cette préoccupation me semble raisonnable. Donner des instructions, lors d’un processus d’hypnose, c’est-à-dire comme je viens de vous le décrire, est une manière de s’assurer que la réintégration que vous avez obtenue au moyen de la superposition des ancrages est bien utile. Vous énoncez des choses sur la manière dont les deux états commencent à fusionner de telle façon que la personne intègre tout ce qu’il y a d’utile et de valable dans chacun des deux états sans rien en perdre, ainsi la réintégration va servir de base à l’élaboration d’autres choix etc... Laissez-moi vous rappeler qu’il ne s’agit là que d’une étape préliminaire. Je détruis délibérément des barrières entre deux états dissociés et j’induis la confusion. Je suis littéralement en train de violer des jugements, des distinctions, une méthode d’organisation interne que l’alcoolique a inconsciemment utilisée pour se rendre efficace dans la vie.Après avoir réalisé ceci, il va me falloir tout nettoyer à l’aide du recadrage. Tout ce que j’ai réalisé jusqu’ici est de créer les conditions préalables, nécessaires pour le recadrage. J’ai maintenant accès à la partie alcoolique et à la partie sobre en même temps. J’ai réduit une situation particulièrement difficile de dysharmonie séquentielle à quelque chose que je sais traiter : la dysharmonie simultanée. Après qu’il se soit remis et soit redevenu relativement cohérent, je vais procéder tout simplement au recadrage en six étapes, afin d’assurer des comportements de remplacement spécifiques et de manière à effectuer pour ceux-ci, une mise au point appropriée pour l’avenir. A partir de ce moment, vous effectuez un recadrage analogue à celui que vous utiliseriez dans n’importe quelle autre situation. Quoi qu’il en soit, une chose demeure très importante. Si vous travaillez avec quelque chose du genre alcoolisme, tabagisme ou boulimie, il va vous falloir vous assurer que les nouvelles alternatives, non seulement fonctionnent mieux que les anciennes, mais qu’elles ont aussi un effet plus immédiat, plus instantané. Vous devez faire très attention à ce critère : ce qui est « meilleur » en terme d’addiction, a généralement un lien très étroit avec l’instantanéité. Si votre nouvelle manière d’obtenir un état de relaxation passe par le fait de prendre des vacances, cela n’est vraiment ni aussi rapide, ni aussi aisé que de dévorer un morceau de ce gâteau au chocolat qui est juste là, à coté, dans le frigo. Il est bien plus facile de fumer une cigarette que de se plonger dans la méditation ou de partir faire un footing sur la plage. Il est relativement difficile de faire un footing quand on se trouve dans un ascenseur, en revanche, il est tout à fait possible d’y allumer une cigarette. Vous pouvez construire cette instantanéité en spécifiant au point n°4 :Cherchez en vous-même trois solutions de rechange qui soient à la fois plus acceptables, plus immédiates, disponibles, faciles et rapides que la méthode que vous utilisez actuellement « . Souvent les gens omettent de faire ceci lorsqu’ils procèdent à un recadrage. Leurs clients leurs proposent alors des alternatives à long terme, qu’il va falloir mettre en place et qui ne fonctionnent pas, parce que ce dont ils ont en fait besoin, c’est de quelque chose de réellement immédiat, d’instantané. Un autre truc qui marche bien avec une personne dépendante, est d’utiliser son sentiment présent de désir pour la drogue, comme un ancrage pour un autre signifiant. La personne va alors avoir besoin de ressentir, d’expérimenter le sentiment lui-même comme ayant une signification différente. A cet instant, il ressent quelque chose qu’il interprète comme une pulsion à saisir un verre, par exemple, et cela va l’entraîner à boire. Vous pouvez alors le faire entrer en transe et faire que cette sensation, ce désir, prenne une autre signification pour lui. La « pulsion » si forte, irrésistible, pourrait maintenant être le chemin et le déclencheur d’une intense curiosité à propos, par exemple, de ce qui l’entoure. J’ai moi- même utilisé cette approche de superposition des ancrages et de recadrage de façon efficace avec des alcooliques aussi bien que des héroïnomanes, le tout en une seule et unique séance. J’ai maintenant un suivi de deux ans avec ces personnes et ça marche ! Après que vous ayez effectué le recadrage et trouvé les comportements de remplacement qui répondent également aux bénéfices secondaires liés à la dépendance de votre client à l’alcool ou à la drogue, il va vous falloir tester votre travail.
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Intervenant : j’ai une question a propos des ancrages. Allez vous ancrer tout d’abord l’état sobre, lorsque votre client entre dans votre bureau et accède ensuite à l’état alcoolique ?
Il y a de nombreuses façons d’opérer. Vous n’avez, en fait, pas vraiment besoin d’ancrer l’état sobre pour parvenir à la réintégration. Plus tard, lorsque votre client a atteint l’état alcoolique, vous pouvez dire : “Hé, attention, à quoi penses-tu pour te conduire ainsi comme un poivrot dans mon propre bureau ?” A ce moment-là, vous avez à nouveau la partie sobre qui réapparaît en face de vous. Votre client va dire quelque chose du genre : « Oh ! Excusez-moi, mais je pensais que c’est ça que vous vouliez que je fasse, j’essayais juste de suivre vos instructions ». Et vous de continuer : « Quoi ? ressaisis-toi maintenant ». Vous touchez alors l’ancrage de l’état alcoolique en même temps que vous êtes en train de lui dire : « Allons, fais attention à rester sobre ! »
Intervenante : L’état sobre constitue-t-il un ancrage suffisamment puissant en lui-même pour qu’il puisse être superposé tel quel à l’état alcoolique ?
L’état sobre n’a pas besoin d’être aussi intense que l’état alcoolique. Si vous superposez les ancrages et que cela ne déclenche pas la réintégration, mais plutôt quelque chose qui ressemble à l’état alcoolique, cela indique qu’il va vous falloir ancrer l’état sobre de manière plus solide. Si cela m’arrivait, j’arrêterais immédiatement le processus engagé et je dirais : « Hé, réveilles-toi ! Allez, réveilles-toi ! » Je le ramènerais complètement à l’état sobre. Je le ferais se lever, marcher de long en large dans la pièce, je lui donnerais une tasse de café, etc... Lorsqu’il est à nouveau totalement sobre, je lui demanderais :« Est-ce que vous savez où vous êtes ? Est-ce que vous savez ce que vous faites ici ? Pourquoi êtes ici ? » Je ramènerais entièrement l’état sobre et alors je l’ancrerais.
Intervenant : N’est-il pas dangereux d’accéder à l’état alcoolique ? Qu’arrive-t-il si vous vous trouvez par hasard en face de quelqu’un qui devient violent quand il a bu ?
Dans un pareil cas, il vous faudra prendre des précautions supplémentaires. Dans ce cas, vous utiliserez des ancrages visuels ou auditifs au lieu d’ancres kinesthésiques. Vous resterez dans ce cas à quelques pas et vous placerez par exemple une chaise entre vous deux, la sortie doit se trouver dans votre dos... Ou alors, vous êtes un spécialiste des arts martiaux et vous avez pleine confiance en votre capacité à vous protéger, comme c’est le cas pour moi. Vous devez être sûr de pouvoir préserver votre intégrité physique et psychologique. Vous êtes psychothérapeute ; vous n’êtes en aucun cas payé pour vous mettre physiquement ou psychologiquement en danger.
Intervenante : Seriez-vous capable d’interrompre quelqu’un qui deviendrait très violent alors que vous avez tout d’abord ancré chez lui l’état sobre ? Il devrait alors suffire d’activer cet ancrage précis pour sortir votre client de son état alcoolique.
Bien sûr, mais n’utilisez pas d’ancrages kinesthésiques, particulièrement dans un cas comme celui-ci. Si vous êtes assez proche pour toucher quelqu’un susceptible d’agir violemment, alors il est suffisamment proche pour vous frapper. Un ancrage qui interrompt un état de rage peut s’avérer un choix judicieux, pour autant que vous puissiez la déclencher à distance. Vous pouvez utiliser des ancres auditives ou visuelles à cet effet. L’un de nos étudiants enseigne à des parents nourriciers dans des Centres de Réadaptation. Il leur enseigne comment utiliser des ancres non-tactiles pour interrompre les états de rage. Évidemment, suivant la clientèle à laquelle vous avez à faire, vous pouvez avoir besoin de çà. Vous pouvez ancrer d’une distance suffisante pour rester à l’abri en claquant des mains, ou par quelque autre geste du même style. Une autre manière d’agir est de commencer à parler en utilisant un ton de voix spécial, et lorsque le client atteint l’état alcoolique, vous changez le ton de votre voix. Votre ton de voix va alors en lui-même constituer un ancrage. Alors s’il commence à s’échauffer sérieusement, vous dites « Attendez une minute ! » avec le ton de voix que vous avez utilisé lorsqu’il était dans son état normal.
Intervenant : J’ai apprécié votre commentaire à propos du fait qu’il fallait fournir à votre alcoolique des suggestions post-hypnotiques dépourvues de contenu après que vous ayez procédé à la double activation des ancrages. Je pense que beaucoup de programmes destinés aux malades alcooliques n’ont pas réussi parce que le ou les thérapeutes essayaient d’amener des comportements alternatifs spécifiques en remplacement de l’alcool. Ils vont dire au malade des choses du genre : « Allez, on va tous au Bowling », ou bien encore « Super, on va monter un atelier de travail du cuir ! » Ce type d’approche est péniblement inefficace !
Tout à fait ! Le Bowling et le travail du cuir sont des activités particulièrement improbables en ce qui concerne le fait de remplacer les bénéfices secondaires que l’alcool apporte.
Intervenant : Il me semble qu’il est indispensable, pour ce genre de pratique, d’être à même de pouvoir disposer du laps de temps réellement indéfini que nécessite l’approche d’un malade alcoolique. Ce genre de travail doit être particulièrement difficile à réaliser quand on est organisé en séances horaires.
Oui, avoir le temps serait idéal. Quoi qu’il en soit, vous vivez dans un monde où les emplois du temps sont la plupart du temps basés sur des séquences horaires. Je ne suis pas un bon modèle en tant que psychothérapeute praticien à cet égard.Je ne gagne plus à l’heure actuelle, ma vie en tant que psychothérapeute pratiquant. Je ne travaille d’ailleurs plus du tout en tant que thérapeute. J’ai pratiqué moi-même des psychothérapies pendant un temps suffisant à m’assurer que j’avais bien mis à l’épreuve tous les modèles que j’ai mis au point, concernant une grande quantité de problèmes actuels et que je vous apprends aujourd’hui.Aussi, lorsque je vous propose quelque chose aujourd’hui, je sais que cela fonctionne et je suis en mesure de vous le démontrer. Quoi qu’il en soit, même à l’époque ou je pratiquais moi-même,je ne prenais pas plus de deux à trois rendez vous par jour et je laissais entre deux de longues pauses, de manière à ce qu’en fait, la séance puisse durer un temps non déterminé d’avance, compris entre dix secondes - ce qui fut le travail le plus rapide que j’aie jamais effectué avec un client - et allant jusqu’à presque six heures et demi, ce qui fut ma plus longue intervention.
d’après Richard BANDLER et John GRINDER
* Dans nos séminaires En Finir avec l’Alcool, nous ne pratiquons pas ce principe de test. Nous préférons considérer que l’alcool est une "ancre dangereuse".
Traduction de Marianne STRAGAND Extrait de Reframing- Neuro-Linguist. Programming and the transformation of meaning by Richard BANDLER and John GRINDER. Copyright 1982 Ed. Real People Press by Steve and Connirae ANDREAS..
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