Aujourd’hui, je vais vous présenter deux héros, les deux premiers développeurs.
Le premier c’est celui qui, a la fin d’un cours de Freud, lui a dit : « Et bien Docteur Freud, je commence où vous vous arrêtez. Vous rencontrez les gens dans votre cabinet, je les rencontre chez eux ou dans leur milieu habituel. »
C’est Jacob Moreno, médecin roumain né à Bucarest en 1889, il exerce à Vienne puis va émigrer aux États-Unis en 1925. En 1936, il y crée une clinique psychiatrique avec un théâtre thérapeutique.
Il élabore le Psychodrame humaniste et invente la psychothérapie de groupe qu’il commence à diffuser dans les années 50. Il met l’accent sur le caractère relationnel de l’être humain et pose ainsi les bases de la psychothérapie humaniste.
Dans le Psychodrame, il provoque la mise en action de l’univers intérieur de la personne. Il met en scène les rôles joués par la personne dans sa vie quotidienne ainsi que les rôles introjectés de ses proches.
Le Psychodrame s’organise de la manière suivante.
Tout d’abord, dans un groupe de huit à 10 personnes, chaque personne désirant travailler sur un thème va faire une brève présentation de son sujet.
Les participants vont s’approcher de la personne qu’ils choisissent et poser la main sur son épaule.
Ainsi c’est l’assemblée des participants qui choisit « démocratiquement » le sujet à traiter ce jour là.
Commence alors une période d’échauffement dans laquelle chacun peut proposer des petites saynètes de façon à introduire le sujet. C’est au cours de cet échauffement, que l’animateur va choisir le protagoniste.
C’est-à-dire le rôle principal qui, vous l’avez compris, n’est pas obligatoirement joué par la personne qui a amené le sujet qui la concerne de près.
Ensuite se mettent en place ceux qu’on va appeler les « Moi » auxiliaires qui vont jouer soit le rôle de proches, soit des personnalités alternatives du protagoniste dans la mise en scène qui va suivre.
Il reste alors quelques personnes qui vont composer l’audience. Ils vont être spectateurs mais ils auront la possibilité d’intervenir et de proposer des répliques ou des remarques pendant le Psychodrame.
Enfin l’action prend place, mise en scène par l’animateur. En général les choses commencent doucement parfois de manière un peu hésitante mais très rapidement un jeu se développe, un dévoilement s’opère, une action inattendue peut survenir, un nouveau scenario peut se mettre en place.
À la fin de l’action, l’animateur organise un espace de partage lors duquel chacun va évoquer les résonances émotionnelles ou mémorielles que l’action a provoquées. L’animateur va veiller à ce qu’il n’y ait aucune interprétation de ce qu’il vient de se passer.
Un point important à noter dans le Psychodrame, c’est la prise en charge sociale ou collective du sujet à traiter. Il y a une sorte d’appropriation de la problématique par l’ensemble des participants. On voit que pour Moreno, le côté social et collectif était très important.
L’autre héros c’est Fritz Perls ou plutôt Friedrich Perls né en 1893 à Berlin, médecin psychiatre, il commence sa carrière dans un institut spécialisé pour les soldats traumatisés de la guerre de 1914-18.
En 1933, il émigre en Afrique du Sud où il mène une activité de psychanalyste classique et dirige un institut de formation à la psychanalyse. Il rencontre un grand succès dans ses activités et mène une vie très bourgeoise. Parallèlement, il commence à développer ce qui va devenir la Gestalt thérapie.
Il émigre aux États-Unis, à New York en 1946. Influencé par le travail de Kurt Lewin et de Otto Rank, il écrit avec Paul Goodman et avec son épouse Laura Posner le livre « Gestalt thérapie » publié en 1951.
On retrouve encore ici Kurt Lewin, avec sa Psychologie Topologique, les lieux psychiques divisés en régions et sous régions, le concept de frontières de ces régions et sous régions, en bref, l’importance des frontières des « états du Moi ».
Otto Rank, autre psychanalyste, élève de Freud, va avoir une influence considérable à la fois sur l’aspect relationnel de la Gestalt thérapie, et sur le concept de « ici et maintenant ».
Aussi bien avec Jakob Moreno qu’avec Fritz Perls, la psychothérapie quitte le huis clos du cabinet du psychanalyste où le patient évoque différents événements de sa vie, pour entrer dans un univers plus proche de la vraie vie : le jeu relationnel dans le théâtre de Moreno et l’inclusion du patient par le thérapeute en Gestalt thérapie.
Le Gestalt thérapeute ne joue plus un rôle social mais va interagir avec le patient comme la « vraie » personne qu’il est dans la « vraie » vie. Ce que les Gestaltistes appellent implication et authenticité.
Les caractéristiques originales de la Gestalt thérapie sont :
Fritz Perls va tenter de promouvoir la Gestalt thérapie aux États-Unis pendant les 15 années suivantes sans beaucoup de résultats. Au milieu des années 60 il rejoint le mouvement du potentiel humain à Esalen où le succès survient vers 1968 et où les sessions de Fritz Perls attirent des centaines de personnes.
Il y a une forme de cousinage entre le Psychodrame et la Gestalt thérapie. Les buts poursuivis sont presque identiques et lorsque la Gestalt est pratiquée en groupe, elle peut parfois ressembler à une session de Psychodrame.
Les deux approches peuvent être considérées comme une application de la « Psychologie Topologique » de Kurt Lewin à travers le triptyque « Environnement », « État du Moi », « Comportement ».
Le Psychodrame se sert de la mise en scène théâtrale et du collectif pour réorganiser, ajuster les frontières des différents « Moi » de la personne et les adapter aux différents contextes.
La Gestalt thérapie se sert de la relation établie entre le thérapeute et son client pour définir et adapter les différentes frontières entre le « Moi » de la personne et son environnement.
Dans les deux cas, le but est de permettre à chaque personne d’avoir la responsabilité de son espace de jeu dans les contextes où elle évolue.
Merci de m’avoir regardé. À très bientôt pour la suite.