Bonjour, c’est Bernard, voici le 5e épisode du Panorama des « Approches dissociatives ou dialogiques ».
Aujourd’hui je vous propose d’examiner avec moi un monument, un héros à la fois théoricien et développeur d’une immense créativité.
J’ai nommé Roberto Assagioli, né en 1888 à Venise. Après des études de médecine à Florence, il se spécialise en psychiatrie à Zurich où, en 1909, il effectue un stage dans la fameuse clinique suisse du Burgholzli dirigée par Bleuler.
Il y fait la connaissance de Carl Jung, encore associé à Freud à l’époque.
Jung écrit alors à Freud : « parmi les oiseaux migrateurs… notre premier italien, un certain docteur Assagioli, de la clinique psychiatrique de Florence. Ce jeune homme est très intelligent, et paraît très cultivé, un adepte enthousiaste qui entre dans notre domaine avec le brio nécessaire ».
Roberto Assagioli introduit la psychanalyse en Italie, pour, finalement, se démarquer de la théorie freudienne avec la thèse de son doctorat en psychiatrie qui est une « étude critique de la psychanalyse ».
Tout comme Jung il fait la distinction entre différents plans d’inconscient alors que Freud considérait l’inconscient comme un tout.
Comme Freud et Jung avant lui Assagioli va élaborer la Topique de la Psychosynthèse.
Elle est représentée par un Œuf.
En 1. L’Inconscient inférieur : centre des pulsions primitives, des blessures de l’enfance, des désirs refoulés.
En 2. L’Inconscient moyen : centre des activités créatrices, imaginaires et intellectuelles, lieu de gestation.
En 3. L’Inconscient supérieur ou supraconscient : centre des intuitions profondes, des états altruistes et des facultés les plus élevées de l’esprit.
En 4. Le Champ de conscience : territoire où se manifeste le flot incessant de sensations, d’images, de pensées, de sentiments, de désirs…
En 5. Le Soi conscient ou « Je » : centre de la conscience et de la volonté, capable de prendre ses distances par rapport aux aspects de la personnalité.
En 6. Le Soi supérieur ou spirituel (transpersonnel) : là où l’individualité et l’universalité se confondent.
En 7. L’Inconscient collectif : magma dans lequel nous baignons, animé par les structures archaïques et les archétypes.
On peut observer ici une certaine similitude avec la Topique de Jung.
Le psychisme est constitué d’une âme, fondamentale et éternelle, ainsi que d’une personnalité, essentielle mais relativement superficielle et changeante. Celle-ci est composée de trois parties principales : la conscience de soi, le « je » et le soi supérieur. La plupart d’entre nous se contentent de vivre dans un champ de conscience restreint – notre réalité quotidienne – et ne communiquent pas avec les autres parties de leur psyché.
Les « personnalités secondaires ». En chacun de nous, des personnalités secondaires parcellaires ont leur existence propre et ne correspondent pas toujours à nos aspirations profondes.
Pour Assagioli, ce sont des « sous-personnalités » qui empêchent notre moi profond de s’exprimer, provoquent conflits intérieurs et sensation de vivre en porte-à – faux.
Le moi. Il est au centre d’une étoile à six branches. Elle a en son centre un axe entouré d’une zone qui représente le point central de la conscience indissociable de la volonté qui, dans l’hypothèse d’Assagioli, donne l’élan dynamique et coordinateur des fonctions.
La psychosynthèse ajoute l’imagination et les fonctions qui poussent à l’action (pulsion, désir, aspiration) aux quatre fonctions fondamentales de Jung : sensation, émotion, pensée et intuition.
Ces six fonctions sont les instruments d’expression du « Je ».
Cependant, l’exercice fondamental est la « dés-identification » : pour se trouver soi-même, il faut éliminer toutes les « identifications partielles » qui nous empêchent d’avoir pleine conscience de nous-même.
La dés-identification est une notion-clé. Assagioli la décrit ainsi :
« Nous sommes dominés par tout ce à quoi nous nous sommes identifiés.
Nous pouvons dominer et contrôler tout ce dont nous nous dés-identifions. »
On retrouve ici, le travail de Paul Federn sur les états du Moi et son affaiblissement comme conséquence de trop nombreuses identifications.
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